Fisichella malchanceux

Fisichella maudit ?Classé deuxième du Grand Prix du Brésil alors qu’il était en tête au moment où la course a été stoppée, Giancarlo Fisichella n’a toujours pas remporté la moindre course en F1. Un paradoxe incompréhensible au vu du talent de l’Italien…
«Le meilleur pilote de l’histoire de la F1 à ne jamais avoir remporté un grand prix». Voilà comment Eddie Jordan définit son pilote Giancarlo Fisichella. Même si l’exubérance de l’Irlandais n’est plus à démontrer, force est de constater qu’il n’est pas loin de la vérité. La démonstration du Romain à Interlagos a encore démontré, si besoin était, l’extraordinaire sens du pilotage de «Fisico». Sur une piste détrempée, véritable révélateur du talent des pilotes selon certains observateurs, le Transalpin a réalisé une course «à la Senna». Les conditions météorologiques nivelant par le bas les différences de performances des monoplaces, Fisichella parvenait à se jouer d’adversaires pourtant bien mieux équipés pour se hisser en tête de la course au 55e tour. Las, alors qu’il se dirigeait vers sa première victoire en carrière, les commissaires décidaient de stopper définitivement la course et le classement final était celui établi au 53e tour… Le règlement prévoit en effet que «le classement sera celui en vigueur deux tours avant celui dans lequel l'arrêt de la course a été donné». Un coup terrible pour Fisichella qui était déjà en train de fêter son succès avec ses mécaniciens !
«Ce fut un moment magique, déclarait le héros malheureux après la course, mais il n’a pas duré longtemps. Pourtant, quand j’ai vu le drapeau rouge, j’ai demandé par radio à mon stand «qui a gagné ?» Ils m’ont répondu que c’était moi. Le pilote Jordan avait donc toutes les raisons d’être aigri après ce dénouement en eau de boudin. Si on m’avait dit que je monterais sur le podium avant le départ, j’aurais signé tout de suite. Mais maintenant, c’est vrai que je suis un petit peu déçu». On le serait à moins. Après 107 départs, Fisichella n’est toujours pas monté sur la plus haute marche du podium. Une hérésie quand on connaît le talent du pilote, mais qui s’explique surtout par le fait que l’Italien n’a jamais eu une voiture à la mesure de son coup de volant. Minardi, Jordan, Benetton et de nouveau Jordan : pas vraiment ce qu’on peut appeler des top-teams… Contrairement à d’autres pilotes de son calibre, Michael Schumacher pour ne citer que lui, Fisichella n’a jamais été ce que les Anglais appellent «the right man at the right place». Au cours de ses sept saisons de F1, il s’est simplement contenté de dominer copieusement tous les pilotes qui ont fait équipe avec lui. Une maigre consolation mais, à 30 ans, tous les espoirs lui sont encore permis.
Récemment consacré par ses pairs «meilleur pilote 2002», Giancarlo Fisichella ne peut pas laisser insensible les écuries de pointe. Parmi celles-ci, Ferrari entretient une relation pour le moins étrange avec le Romain au physique d’acteur de cinéma. Alors que la Scuderia rêverait sûrement de porter un Italien au sommet du championnat, et que ce dernier ne cesse de clamer son amour pour les monoplaces rouges, leurs routes respectives n’ont fait que se croiser, sans jamais se rencontrer. Et ce n’est pas demain que la porte de Maranello s’ouvrira à Fisichella puisque Michael Schumacher et Rubens Barrichello sont encore sous contrat avec Ferrari jusqu’à la fin 2004. McLaren, Williams ou Renault pourraient peut-être en profiter. Afin que cesse la légende du meilleur pilote de l’histoire de la F1 à ne jamais avoir remporté un grand prix…

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