Ayrton Senna

Simply the best

On a baptisé Ayrton de mille façons. Les médias le surnommait: Magic, le Roi de la pluie, l'Homme des pole positions. Mais celui qui lui convient le mieux est sans aucun doute: "Simply the best" (simplement le meilleur) et c'est Ron Dennis, le patron de McLaren, qui l'a dit. Le froid Ron Dennis n'a pas pour habitude de faire l'éloge de ses pilotes mais quand il raconte Senna, les superlatifs ne manquent pas. Il dit avoir vu rarement un pilote de F1 d'un tel charisme et d'un tel talent. Venant de l'exigeant Dennis, c'est dire...
Ayrton Senna était tout à la fois : un génie, un tyran, une personne bénévole et humble, une personne qui pouvait être arrogante et quelqu'un sur lequel les opinions ont été toujours partagées. Mais il avait une qualité que personne ne pouvait lui retirer : c'était le pilote de Formule 1 le plus rapide que le monde ait jamais vu. Dans chaque teams qu'il a couru, Ayrton a marqué les esprits par son coup de volant magique. Son fameux casque jaune semblait dire aux autres pilotes qui le voyaient dans les rétros: "poussez vous de mon chemin".
Ayrton montra un talent naturel pour gagner les courses de karting depuis le moment où il commença la compétition, c'est-à-dire à l'âge de 13 ans. Ce fut un champion brésilien dès qu'il eut l'âge pour courir dans la catégorie senior, et il enleva les titres sud-américains en 1977-1978. Et, quand il vient en Grande-Bretagne pour courir en Formule Ford 1600 en 1981, il ne lui fallut que trois courses pour gagner sa première victoire. Son célébre casque jaune

L'heure des grandes décisions

Ayrton avait tendance à avoir le mal du pays. En outre, il avait décidé de se marier avec sa petite amie d'enfance et qui plus est, on venait de lui offrir le sponsorat dont il avait besoin pour passer à la Formule suivante. Il retourna donc à Sao Paulo. Cependant, il n'y resta pas et ne s'y maria pas non plus mais revint en Grande-Bretagne, cette fois-ci pour prendre la course sérieusement. Il était timide de nature et son incroyable concentration faisait penser qu'il était distant. Mais l'intensité de ses efforts porta ses fruits car il gagna les titres britanniques et européen de Formule Ford 2000. Pour 1983, il allait passer à la formule 3, la dernière étape pour les pilotes doués avant de venir en Formule 1. Ayrton gagna le dernier round contre Martin Brandon, récolta le titre, et les test de Formule 1 avec McLaren et Williams vinrent avec. Ces écuries étaient impressionnées, mais ni l'une ni l'autre n'engagea Senna, le laissant se rabattre sur la petite équipe Toleman pour 1984. Le passage à la Formule 1 est une épreuve redoutable car rien ne prépare un pilote aux énormes différences de performances, aux enjeux financiers et au professionnalisme qui accompagnent cette Formule. Mais les capacités et les dons de Senna lui firent passer la première épreuve, ensuite ses fidèles sponsors brésiliens assurèrent son passage de la seconde épreuve et la finesse du métier qu'il avait déjà acquise résolut la troisième. En un instant, il allait plus vite que prévu dans l'équipe Toleman de petite réputation.
En 1985, son passage chez Lotus lui apporta sa première victoire dans les conditions d'humidité insidieuses d'Estoril. Une autre victoire suivit en Belgique et Ayrton termina l'année quatrième au classement général. On tenta d'introduire Derek Warwick comme coéquipier en 1986 mais Senna refusa cette possibilité, ce qui lui valut de nombreuses critiques de certaines parties de la presse.
Sa décision s'est peut-être avérée justifiée, car il termina de nouveau quatrième au classement, en marquant deux victoires. Ensuite, à Monaco en 1987, il remporta sa cinquième victoire, qui avait ceci de spécial qu'elle enflamma sa passion pour ce célèbre circuit sur route. Et en fait il allait y gagner à cinq autres occasions avant sa mort. Une autre victoire cette année-là l'aida à gravir les échelons jusqu'à la troisième place du championnat, mais sa progression n'était pas assez rapide pour lui et il décida de rejoindre McLaren en 1988. Finalement, Senna avait une équipe qui pouvait répondre à ses besoins. Pour1988, il récolta huit victoires et un titre de Champion hautement émotionnel.
Les quelques années qui suivirent furent ses années de gloire avec la seconde place en 1989 puis sa seconde et sa troisième couronne de lauriers en Championnat du monde en 1990 et 1991. On peut dire que pendant ses années de gloire, seul Alain Prost et Nigel Mansell pouvaient partager un podium avec lui, mais de façon occasionnelle. Senna a été sans doute handicapé par son équipement pendant ces années-là mais cela ne l'empêcha pas de donner son maximum. Ceux qui furent présents au Grand Prix d'Europe de 1993 à Donington Park se souviendront de l'attaque d'Ayrton sous une pluie battante. Comme toujours, les conditions difficiles lui avaient permis de montrer sa maîtrise divine de la voiture à une époque où la technologie à l'intérieur du cockpit dissimule souvent les insuffisances de nombreux pilotes de rang inférieur.

Le dernier chapitre

Pour 1994, Mansell courait aux États-Unis et Prost avait mis sa tenue au vestiaire, et de nombreuses personnes virent que la voie était ouverte pour la création du partenariat ultime dans la Formule Un moderne : Senna, Williams et les moteurs Renault.
La saison commença au Brésil avec la pôle position mais Senna fut dépassé par le pilote de Benetton Michael Schumacher lorsqu'ils firent leurs premiers arrêts de ravitaillement et Senna fit un tête à queue en essayant de rattraper le terrain perdu. Le moteur de Senna ne voulait pas repartir et il n'y avait plus rien à y faire. A Aida, au Japon, on vit Ayrton de nouveau en pole position mais il fut heurté par-derrière par son ancien équipier de McLaren Mika Hakkinen au premier virage ce qui l'obligea à abandonner. Schumacher gagna les deux courses. Ensuite vint Imola.
Le 1er mai 1994, cette date restera un jour noir pour le monde de la F1. Ayrton Senna était devant après un nouveau départ causé par le fait que Pedro Lamy avait heurté J.J. Lehto sur la grille de départ. Mais, alors qu'il attaquait le deuxième tour, la Williams s'embrocha directement sur Tamburello, heurta le mur et s'arrêta sur le bord de la piste. Pendant un instant on vit Senna bouger. Ensuite il devint immobile comme s'il semblait avoir perdu conscience. Sa mort fut plus que la perte du plus grand pilote qui ait jamais honoré un circuit de course, c'était l'extinction de ce qui était peut-être l'ultime sportif, l'homme qui dans toute l'histoire de la course s'était approché le plus de la perfection dans le domaine qu'il avait choisi. La F1 avait perdu là un de ses plus grand champion que la F1 ait connu.

Son accident mortel image par image

Bilan de carrière: 65 pole positions, 19 records du tour, 41 victoires, 610 points en 161 Grands Prix
Triple Champion du monde 1988 - 1990 - 1991

1960-1994

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