Nigel Mansell

Un champion hors norme

Nigel MansellC’est le pilote le plus comédien du monde et également le plus courageux. Et, dans les derniers stades de sa carrière, l’un des plus rapides. Il se plaint, il est monotone, mais le public l’adore et avec Nigel Mansell le théâtre n’est jamais à moitié plein.
Au début de sa carrière, Mansell n’était ni riche, ni pauvre, ni rapide, ni lent. La seule chose qui le distinguait, c’était son manque de popularité. Il croyait qu’il était le meilleur et ne pouvait pas comprendre que d’autres personnes ne s’en aperçoivent pas. Mais quand on lui donna la chance en 1980 de courir en Formule 1, peu de personnes le prirent au sérieux. Il était compétent mais sans plus. Ce qu’ils auraient dû savoir pendant ce week-end d’Autriche, c’est qu’il était courageux car il pilota pendant la plus grande partie de la distance avec une fuite de carburant qui lui brûlait la peau.

Au bord de la gloire

La saison de 1986 fut véritablement au plus bas pour Mansell. Malgré cinq victoires en Grand Prix, l’année fut décevante. Rares sont ceux qui, regardant le Grand Prix d’Australie, oublierons l’image de l’explosion de son pneu arrière gauche au moment où il arrivait à la fin de la ligne droite. Il est impossible de savoir comment il put réussir à maintenir sa voiture zigzaguant entre les murs car ce n’était pas une crevaison mais une explosion. La même chose arriva à la fin 1987. Cette fois-là, il était dans un combat direct pour le titre avec le coéquipier de Williams Nelson Piquet, pilote pour lequel il n’avait ni respect ni patience.
Avant d’arriver à l’avant-dernière course au Japon, Mansell venait de battre Piquet pour la victoire à Mexico – ce fut sa sixième victoire de l’année – et il était encore à douze points derrière le Brésilien. Il eut un accident en se qualifiant, sa Williams faisant un vol plané avant de s’écraser, ce qui lui blessa le dos et termina sa saison. La saison suivante fut un désastre, Mansell ne terminant que neuvième et sans victoire.
Il prit une tactique audacieuse en 1989, en rejoignant Ferrari. On ne s’attendait pas à ce que cet homme, qui était très anglais d’attitude, s’entende avec toute l’équipe italienne, mais il le fit et gagna l’adoration instantanée des fans italiens en remportant du premier coup la victoire au Brésil. A partir de là, il fut surnommé "Il Leone" (Le Lion). Stimulé par cette appréciation qui le rendait heureux, il pilota très bien pour terminer quatrième cette année-là. Prost rejoignit Mansell chez Ferrari en 1990 et cela jeta un froid. Il était convaincu que Prost recevait un meilleur équipement et il recommença à sa plaindre. Il ne gagna qu’une seule fois cette année-là, en s’accrochant avec les flancs de son coéquipier dans la course vers le premier tournant de l’Estoril. Cela obligea Prost à ralentir et il retomba en cinquième position instantanément, ce qui lui fit perdre le titre mondial derrière Senna. Donc, pour 1991, on revenait chez Williams et aux habitudes de victoires. Et c’est ainsi que Mansell gagna cinq courses mais il dut cependant jouer les second rôles derrière la McLaren de Senna.

Enfin le succès

Puis, finalement, ce fut la réussite pour Mansell en 1992. Non seulement il réalisa un record neuf victoires mais il s’envola vers le championnat du monde, et termina la saison avec presque le double des points du pilote arrivé second, son coéquipier Riccardo Patrese. Il ne fait aucun doute qu’il pilota de façon magnifique, mais sa Williams-Renault était top niveau, ce qui laissait souvent les meilleures voitures plusieurs secondes derrière à chaque tour en qualification. Ce type de domination se produit de temps en temps en Formule 1 mais malheureusement Mansell n’améliora pas sa réputation en n’admettant pas de bonne grâce la supériorité technique de son équipe. Ce qui est incroyable, c’est lorsque Mansell fut maître du résultat du Championnat alors qu’il restait cinq courses, il était évident que Williams ne voulait plus de ses services. Prost allait venir chez Williams en 1993 et maintenant Senna avait offert ses services pour rien. Mansell, qui ne souhaitait pas être le coéquipier de qui que ce soit, décida qu’il était temps de partir.
Cependant, tout n’était pas perdu car Mansell décida d’emporter ses talents de l’autre côté de l’Atlantique pour s’essayer à la course Indycar aux États-Unis. Et il eut une formidable première saison avec l’équipe Newman/Hass, dont l’acteur Paul Newman est propriétaire à temps partiel. Il gagna la première course, puis eut un sérieux accident quand il s’essaya pour la première fois sur une piste ovale inclinée ; cependant il revint à son rythme pour la plus grande course de l’année : l’Indianapolis 500. Il la mena également en ne se rabattant à la troisième position que dans les dernier tours. Mansell allait tirer profit de ses erreurs en la gagnant la fois suivante. Avant la fin du mois d’Août suivirent deux autres victoires sur les pistes ovales, ce qPortrait de Mansell d'aujourd'huiui lui donnait une avance qu’il ne devait jamais perdre. Ce fut donc une visite extrêmement fructueuse. Malheureusement, la réussite d'une année n’entraîne pas celle de la suivante et il s’avéra donc en 1994, son châssis Lola n’était plus celui qu’il fallait avoir. L’équipe rivale, Penske, donna un coup de balai, ses trois voitures remplissant souvent les trois places du podium. Quant à Mansell, aucune victoire, et cela le rendait quelque peu nerveux. Il revint à la Formule 1 en milieu de saison pour piloter pour Williams pendant quatre course, gagnant le Grand Prix d’Australie. En 1995, il rejoignit McLaren mais ne réussit jamais à s’habituer et après deux courses seulement, il annonça qu’il se retirait.

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